martes, 31 de enero de 2012




Traduction de l’article « PITÁGORAS: El número, música y proporción »
ATILANO, Daniel, PITÁGORAS: El número, música y proporción Revue de l’Université Catholique Santa Rosa, N° 2 Caracas,Venezuela. (2009)

Juin 2011

 

Traduction de l’article en espagnol: « PITÁGORAS: El número, música y proporción » (PYTHAGORE: Le numéro, la musique et la proportion), publié en 2009 dans la revue Numéro 2 de l’Université Catholique Santa Rosa (Caracas-Venezuela).

Auteur : Daniel ATILANO, Architecte et Maitre Scientiarum en Musicologie Latino-Américaine. Professeur de composition à l’Ecole de Musique Ars Nova en collaboration avec le Dr. Alvaro Cordero Saldivia. Doctorant d’Architecture de la Faculté d’Architecture et d’Urbanisme de l’Université Centrale de Venezuela et coordinateur pédagogique de l’enseignement de la musique à l’Ecole Intégral Avila de Caracas.


              PYTHAGORE: Le numéro, la musique et la proportion.



RESUME

L’influence de la pensée philosophique de Pythagore, qui se base sur le "nombre comme l’essence de toutes les choses", a eut une grande  répercussion dans tous les domaines de la pensée occidentale. L'objectif de cet article est d’explorer la relation entre la  proportion, la musique et la géométrie liée à une conception mystico-religieuse, afin de comprendre l'idée du nombre dans la pensée Pythagorique à travers une travail documentaire sur l'évolution de son influence en occident.

Mots clés Pythagore, nombre, proportion, musique, tetractys, mystique – religieux.



              On ne peut contester l'influence de Pythagore dans la pensée mathématique et philosophique de la Grèce antique et de la culture occidentale. En définissant le nombre comme l'essence de toutes les choses il proposa dans le même temps une méthode de spéculation philosophique et mathématique. Il prétendait atteindre l'harmonie entre l'homme et l'univers à travers un ordre naturel des choses qui émanait du Dieu suprême, organisateur du cosmos (González, 2006, p. 5).
              À travers cette méthode basée sur le nombre, il a réussit à unir une pensée scientifico-rationnelle à une conception mystico-religieuse qui expliquait l'existence et la relation entre l'homme et l'univers. Cette méthode de recherche scientifique permettait de  relier l'idée du nombre et de la proportion dans le son de la musique, et établissait ainsi les bases de la science et de l'esthétique dans l'occident
              La vie et l'œuvre de Pythagore est couverte d'incertitude et de légendes. Il existe des doutes autour de sa naissance, ses doctrines et l'authenticité de son travail. Certains croient qu’il n’a pas existé, car il n’a laissé aucune œuvre écrite, et sa vie, ainsi que celle de ses disciples, était entourée d'un mysticisme  qui a été associée à l'orphisme[1]
                   On pense qu'il est né à Samos et que le point culminent de sa vie et de son travail fut vers 532 avant JC. On le retrouve comme fils de Mnesarco et Ferénides ainsi qu’étudiant d'Anaximandre. Apparemment, il visita l'Egypte, où il fit la connaissance de la doctrine de ce pays. Plus tard, il fonda en Crotone, une colonie dorienne de la Magna Grèce, située sur la côte sud de l'Italie, en 530 avant JC. C’était une communauté politico-religieuse qui suscita l'hostilité des politiciens de l'époque. Finalement il s’enfuit à Metaponto où il mourut (Ferrater, 2004, p. 2790).
Son nom prit une grande importance historique après avoir été mentionné par Platon (La République, Xe Livre), Aristote (Métaphysique) et servi de base à plusieurs théorèmes d'Euclide.     
Sa doctrine contemplait plusieurs aspects mystiques comme la transmigration des âmes, la parenté de tous les êtres vivants, l'existence d'un Dieu unique et un ensemble de règles et de prohibitions dirigés principalement vers les adeptes externes de la communauté.
Les adeptes de Pythagore étaient divisés en deux groupes internes conformément à ses enseignement : les Mathématiciens (les informés), des jeunes doués dans la pensée abstraite et la connaissance scientifique, disciples initiés (les ésotériques) et les Acousmatiques (les auditeurs), des hommes simples et sensibles, qui reconnaissaient la vérité de manière intuitive, à travers des dogmes, des croyances, des sentences orales indémontrables, des principes moraux et des aphorismes. Cela étaient des exotériques.
 Les deux tendances, la rationnelle et la religieuse, généreront la vision qui existera dorénavant sur Pythagore et qui servira de modèle à de nombreux mouvements durant les siècles qui suivront.
Les premiers adeptes de Pythagore appelés "les vieux pythagoriciens" sont ceux qui ont suivi les tendances mystico-religieuses et les tendances scientifico-rationnelles. On peut citer parmi eux  Philolaos, Acquittas et Alcmeón, mais aussi Kerkops, Pétrone, Brontino, Hipaso, Califón, Demoquedes, Parmenisco, Oquelos, Timeo, Hiqueto, Ekfanto, Eurito, Simias, Cebes, Ejecrates, Arion et Lisis (Ferrater, 2004, p. 2792).
À partir du 1er siècle avant J.C. le pythagorisme se renouvela et exerça une influence considérable sur les trois siècles suivants, particulièrement sur tout ce qui a trait au domaine mystico-religieux. Ce renouvellement est connu sous le nom de Néopythagorisme. Ce courant  est un mélange des doctrines pythagoriciennes avec d'autres doctrines comme les platoniciennes, les aristotéliques et les stoïciennes. Quelques philosophes néopythagoriciens sont Nicómaco de Gerasa et Numenio de Apamea (Ferrater, 2004, p. 2790).

"Le nombre est l'essence de toutes les choses"
Pour bien comprendre la signification du nombre à l’époque de Pythagore, il faudrait faire un grand saut en arrière dans l’histoire en partant de notre niveau de compréhension d’aujourd’hui. Au cours de ce retour en arrière nous nous trouverions avec une connaissance très basique et essentielle du nombre qui, par la suite, a été diluée dans l'histoire ce qui complique donc la compréhension de la manière de pensée dans l’antiquité. Pour déchiffrer cette notion nous partirons des premiers registres qui existent sur cette idée.
Les premières trouvailles de l'idée du nombre nous révèlent que l'homme n’a pas utilisé beaucoup de mots pour le définir. Les expressions comme "un", "deux" et "plusieurs" étaient utilisés avant de développer l'art de compter. Il est possible que liée à cette idée de nombre, l'homme est aussi utilisé l'idée de forme. Pour la construction de maisons, de villages, de chemins et pour la délimitation de territoires, l’homme s'est servi de quelques formes et figures géométriques de base. Cela a donné naissance aux mathématiques comme l'étude du nombre, de la quantité et de la forme (Barsa, 1980, p. 208). Plus que le nombre, il s’agissait d’étudier, en plus de la forme, la proportion la grandeur, la taille.
             L’origine du système de numérotation est probablement apparue  au moment où on a eu besoin de connaitre la quantité des possessions de chaque personne. Par exemple, le propriétaire de quelques têtes de bétail ou d'objets similaires, aurait utilisé « des petits cailloux » qu’il aurait mis dans un sac pour connaître la quantité d’objets qu’il détenait. De là tire son origine le mot latin "calculus" utilisé pour dénommer ces cailloux et dont la signification a changé progressivement jusqu’au terme que nous connaissons aujourd'hui, et qui représente un aspect des mathématiques : le calcul.
Par la suite l'homme a eu recours aux doigts de ses mains pour compter (nombres simples) et plus tard à la représentation par points pour développer finalement les différents systèmes de représentation numérique (Barsa, 1980, p. 409).
Les pythagoriciens représentaient les nombres à travers des points ou des petits cailloux sur le sable et ils leur attribuaient un nombre précis selon sa distribution ou la forme géométrique qu’ils formaient. En d’autres termes : ils associaient les nombres à des figures géométriques déterminées qui à l’époque paraissaient être plus développés. Cet ordre géométrique des nombres est connu sous le nom de nombres polygonaux. On obtint ainsi les nombres qui seraient dénommés à partir de leur forme : les Nombres triangulaires, carrés, pentagonaux, hexagonaux, heptagonaux, octogonales, nonagonales, decagonales, etc. (González, 2006, p. 5).
Cette relation entre le nombre et la figure géométrique va influencer très fortement la philosophie de Pythagore, en établissant que "le nombre est l'essence de toutes les choses". Cette conception a permis de développer une doctrine connue comme le "mysticisme numérique". Cette doctrine attribuait aux nombres un caractère sacré chargé de propriétés mystiques et symboliques.  D’autre part,  la découverte de la forme géométrique empirique  a donnait aux nombres des propriétés arithmétiques importantes et des relations numériques élémentaires qui influenceront le développement postérieur des mathématiques et qui sont toujours d’actualité (González, 2006, p. 6).
             Les deux courants : le mystico-religieux et le scientifico-rationnel, se retrouveront unifiés dans la pensée pythagoricienne et seront ensuite développés parallèlement dans le monde grec et la culture occidentale.
Du courant mystico-religieux surgit la doctrine des nombres. Les pythagoriciens ont dénommé la Décennie les dix premiers nombres et leur ont assigné des propriétés cabalistiques et des vertus magiques au delà de l'arithmétique (aritmologíe). Ils ont établi pour chaque nombre des attributs spéciaux et des propriétés vitales qui ont été complétées par la suite par d'autres philosophes comme Platon, Filolao, Aristote, Teón Jámbico, Porfirio. De là sont apparus les attributs suivants (González, 2006, p. 6) :
1 Mónada, symbole de l'unité et de la raison, du stable.
2 Díada, symbole de la diversité, de l’opinion et de l’opposition, de la dualité, du féminin.
3 Triade, un symbole de l'harmonie, la perfection, le masculin.
4 Symbole de la justice, une clé de la nature et de l'homme.
5 Symbole du mariage, d’un solide régulier, de triangle mystique, de portée mystique.
6 Symbole de la procréation, du premier nombre parfait, masculin et féminin.
7 Symbole de la virginité, de la lumière, de la santé, des jours de la semaine.
8 Symbole de l'amitié, de la plénitude et de réflexion, du premier nombre cube.
9 Symbole de l'amour et de la gestation.
10 Tetractys, un symbole de Dieu et de l'univers, une somme des dimensions géométriques, l'échelle musicale, le fondement de tout.
Du courant scientifico-rationnel les pythagoriciens ont réussi à transformer la géométrie en savoir théorique et à enquêter sur des théorèmes élémentaires sur les triangles, les polygones, les cercles, etc. Basé sur la forme discursive et intellectuelle, est né le fameux théorème sur l’incommensurabilité de la diagonale et du côté du carré et sur l'incommensurabilité de la diagonale et du côté du pentagone régulier.

La musique pythagoricienne           
 La musique est aussi ancienne que l'homme et a toujours été synonyme de mouvement. La danse et la musique semblent avoir une origine commune et il est probable qu’à travers le chant et le rythme les hommes  accompagnaient les cérémonies religieuses et les rituels spirituels pour la guérison des malades. Comme pour les nombres, la signification de la musique était différente de celle que nous avons aujourd’hui. Cette signification est plus près de la façon  dont les tribus amérindiennes ou africaines l’utilisent. Pour eux la musique a le pouvoir de communiquer avec les dieux et les esprits ainsi qu’une fonction curative.

En Grèce, la musique était essentiellement vocale. Toutes les œuvres lyriques devaient être chantées de manière obligatoire dans le théâtre et les jeux olympiques. Elle était étroitement liée à la poésie et son rythme était déterminé par le rythme des vers.
             La musique instrumentale n’était pas comprise de la même manière qu’aujourd’hui, elle servait à la parole et quand elle résonnait créait une atmosphère rythmique d'accompagnement de la poésie (Dufourcq, 1963, p. 13).       
L'honneur revient à Pythagore d'être le père de la musique en occident. Quelques auteurs s’ont d’accord, surtout les pythagoriciens (Diogenes Laercio, Jámblico, Teón de Smyrne, Boecio), pour attribuer à Pythagore la première expérience scientifique de l'histoire avec la quelle se sont déterminés les premières lois quantitatives d'acoustique et le fondement mathématique de l'harmonie musicale (González, 2006, p. 10). Cette découverte a été réalisée à travers un appareil inventé également par Pythagore appelé : le monocorde.
Avec cet instrument il a déterminé les longueurs de cordes selon les intervalles harmoniques les plus importants. On l'appelle aujourd’hui le sonomètre.
 Le sonomètre est un instrument utilisé dans la physique qui permet d'étudier certaines lois de la vibration des cordes. Il comprend une boite en forme de prisme régulier qui agit comme un résonateur, sur lequel deux ou trois cordes sont étendues; la tension des cordes est réglée à travers des chevilles et sa longueur vibrante à travers des cales mobiles qui s'introduisent entre la boite et la corde. Elles sont pourvues d'une échelle imprimée dans le coté latérale qui permet de trouver rapidement la moitié, le tiers ou d'autres fractions de la longueur vibrante totale des cordes. En réglant la tension de l'une des cordes et en formant un unisson avec l’autre, on peut obtenir l'intervalle donné facilement en plaçant la cale mobile dans le lieu qui indique l'échelle. (Olazábal, 1954, p. 87)


Pythagore découvre qu’après avoir appuyé ou après avoir divisé la corde à la moitié et en comparant le son avec la corde libre, se produisait un son qu'aujourd'hui nous connaissons comme l'octave musicale. Après avoir appuyé dans la moitié de la moitié c'est-à-dire aux les trois quart de la corde le son qui résultait était la quarte musicale. Et quand on divisait la corde en ses deux tiers on obtenait la quinte. Tous ces sons sont reconnus comme consonances parfaites et sont les sons qui prédominent une grand partie des systèmes musicaux du monde (Sagredo, 1997, p. 13).
             Avec cette expérience Pythagore lia l'espace, le nombre et le son au sein d'une relation harmonique. Ainsi il rattacha le nombre à l'harmonie, la quelle était une partie de l'esthétique dont  on jusqu’alors qu’ils ne présentaient pas de similitude." (Parra, 1966, p. 106)
            De cette façon la musique a servi aux nombres, ou inversement peut-être, les nombres ont servi à la musique, et grâce à cette relation on a pu justifier le développement de ce que l’on connait aujourd’hui comme la proportion harmonique et qui donnera ses bases à la théorie des moyennes.[2]
À ce sujet nous pouvons ajouter :

L'une des grandes coïncidences de l'histoire de la musique vient du fait que lorsque l’on applique ces relations aux cordes tendues, elles produisent les relations basiques des intervalles consonants. Si l’on avait découvert ou préféré d'autres relations musicales, l'analogie entre la musique et le nombre n’aurait pas pu être dessinée avec tant de simplicité; ou, pour le dire autrement, si ces relations numériques simples ne s'étaient pas appliquées a la musique, tout le cheminement de notre musique aurait pu être radicalement distinct. (Rowell, 1963, p. 50)

             Et pour sûr, le chemin de notre culture aurait changé aussi.
Après avoir mentionné la relation connue comme la proportion, nous abordons une étape des mathématiques qui sera décisive dans la conception de la science et l’art dans la culture occidental.

La Proportion
             Matila Ghyka, dans son livre l'Esthétique des Proportions dans la Nature et dans les Arts, introduit le deuxième chapitre De la proportion avec la phrase suivante issu de Timée de Platon :
" Il est impossible de bien combiner deux choses sans une troisième car il faut entre elles un lien qui les rassemblent. Il n’est pas de meilleur lien que celui qui de lui-même et des choses qu’il unit fait un seul et même tout. Or telle est la nature de la proportion ". (Ghyka, 1953, p. 22). Il définit ensuite cette nature avec des termes appartenant à la Géométrie, la Mécanique et l'Architecture :
Le segment déterminé ente deux points est l'élément le plus simple auquel on puisse appliquer les idées de mesure, de comparaison, de rapport. L’opération la plus simple introduisant ces concepts est le choix d’un troisième point quelconque sur cette droite. On passe ainsi de l’unité a la dualité, et l’on se trouve d’emblée en face de la proportion. (1953, p. 22).


La proportion va s’exprimer dans la nature comme une "croissance harmonique et l'équilibre" stable des éléments qui la composent. Son importance dans les sciences (biologie, chimie, physique) sera déterminante pour la déduction de lois et de théories. (1953, p. 118).
 À travers la proportion il mettra en évidence la Loi de l'Harmonie et de la rencontre des contraires ou des opposés ainsi que la conception du cosmos pythagoricien. L'harmonie vers laquelle la doctrine pythagoricienne s’orientait, consistait à expliquer à travers des relations numériques les phénomènes naturels. Pour expliquer le fait de l'Unité Universelle, qui était constituée des éléments contraires ou opposés, l'harmonie réussissait à constituer un lien qui les unifiait au Premier Un (un Dieu). Ce pourquoi, les  pythagoriciens affirmaient que le nombre ou l'harmonie est le principe de toutes les choses et que, donc, "l'Univers est nombre et harmonie". (Une treille, 1966, p. 58)
             L'harmonie était un symbole de l'ordre universel qui unissait tous les niveaux du cosmos : les éléments basiques (la terre, l’air, l’eau et le feu), l'homme et l'univers (le soleil, les planètes et la lune). Aristote faisait référence aux doctrines pythagoriciennes de cette façon : "Ils supposaient que les éléments des nombres étaient les éléments de toutes les choses et que tout le ciel était une échelle  et un nombre". (Rowell, 1963, p. 50)            
Il semble que les pythagoriciens avaient une conception de l'âme humaine "comme une relation numérique qui forme son corps harmoniquement ". (Une treille, 1966, p. 143).  
Pour les Grecs, l'harmonie servait comme une puissante métaphorique de l'interdépendance de tous les éléments du monde comme ils le connaissaient : la nature, les plantes, les animaux, l'espèce humane, l'état, la terre et l'univers formaient une "chaîne d'être" en continue.
Grace à ce concept  surgit  l'idée de microcosme et de macrocosme pour parler de l'homme et de l'univers, ou de la nature, respectivement. Les deux étaient dirigés par le même principe de nombre ou d'harmonie. (Rowell, 1963, p. 52)
Dans la communauté pythagoricienne il existait une atmosphère mystique. Laquelle émanait d’une connaissance qui se développait à travers la spéculation intellectuelle, sur la base de l'harmonie mathématique et de la philosophie.  Cette spéculation apparaîtra dans les attributs mathématiques ou les topiques pythagoriciennes comme la Tetractys de la décennie, la portée mystique et le théorème du triangle rectangle qui porte le nom de Pythagore.

La Tetractys
Comme nous y avons fait référence précédemment, les pythagoriciens ont assigné aux nombres des propriétés vitales et spéciales. À l'intérieur de ce symbole numérique le nombre dix avait une grande charge sacrée car il détenait en lui, le secret et l'essence des dimensions géométriques, l'échelle musicale et la représentation de l'univers.
             La tetractys de la décade était un nombre triangulaire composé par dix points disposés en forme de triangle équilatéral. (González, 2006, p. 7).
            Cette disposition permettait d'observer les quatre premiers nombres ou les unités dans l’ordre croissant (du haut vers le bas) selon son emplacement : le un, le deux, le trois et le quatre qui dans une addition formaient le dix.
             Cet ordre identifiait aussi les quatre éléments basiques de la géométrie : le point, la ligne, la surface et le solide ou le volume. (Gajate, 1964, p. 15).
         Un                                   Deux                                 Trois                                        Quatre
            
         Le Point                          La Ligne                       La Surface (triangle)             Le Volume (tétraèdre)

            Par rapport à la musique ces quatre premiers nombres représentent les "proportions sonores ou les nombres sonores" qui, comme nous l’avons mentionné précédemment, étaient des consonances parfaites découvertes par Pythagore grâce au monocorde. Cela permet d’obtenir les proportions suivantes (Gerulewicz, 2001, p.186).
             Pour un la proportion 1:1 (l'un à l'un) qui représente l'unisson.
             Pour deux la proportion 2:1 qui représente l'octave.
             Pour trois la proportion 3:2 qui représente la quinte.
             Pour quatre la proportion 4:3 qui représente la quart.

En plus de posséder ces propriétés numériques, géométriques et musicales la Tetractys supposait un ordre cosmique exposé par les pythagoriciens. À ce sujet Philolaos disait que "le feu a été fixé au centre en vertu de la Loi de l'Harmonie Universelle, comme il générait le mouvement celui-ci s’étendait du centre à la périphérie, en déplaçant les sphères, avec ses dix corps, dont les préludes percevait Pythagore" (Parra, 1966, p. 97).
Cela se rapporte à l’importance qu’a eu la Tretractys de la décade dans la configuration de l'univers. Selon Aristote dans Métaphysique, ceux-ci (les pythagoriciens) supposaient que les huit corps célestes : la terre, la lune, le soleil et les cinq planètes connues (le Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne) tournaient autour d'un Feu Central, situé au centre de l'univers. On pensait des étoiles qu’elles étaient fixes et faisaient partie d’une dernière sphère perçue comme un autre corps. Comme il manquait un corps pour arriver à dix et pour être cohérents avec sa théorie, ils en ajoutèrent un au système en le nommant anti-terre. Celui ci  tournait aligné à la terre, dans une orbite intérieure, et avec la même période quotidienne (González, 2006, p. 8).
Les sphères émettaient un son correspondant à un ton de l'échelle musicale conformément aux rayons de ses orbites, de la même manière que les cordes dépendaient de leur longueur. De ce son dépendait les stations, les cycles biologiques et les rythmes de la nature. Les pythagoriciens nommèrent cette doctrine l'Harmonie des Sphères (González, 2006, p. 11).
De par sa signification et son importance symbolique, les pythagoriciens ne juraient qu’en la Tetractys  et l’avaient désigné au cours de séances comme une "source et une racine de la Nature éternelle" (González, 2006, p. 7).
           
La Portée Mystique.
             La portée mystique pythagoricienne, pentalpha, ou une étoile à cinq branches, pentagone, a été un autre des caractéristiques géométriques les plus importantes étudiées par les pythagoriciens. On suppose que c'était un symbole d'identification pour les membres de la communauté, en plus d'être un emblème de la santé. Il existe différentes formes de construire géométriquement la portée,  etl'une de ses propriétés qui attirait l’attention des pythagoriciens était son unicursalité : "elle peut être tracée par le mouvement d'un point sans passer de deux fois par le même côté". 
L'une des manières de construire la portée est d’insérer dans un cercle un pentagone régulier et d’en tracer les diagonales. Celles-ci se coupent en formant des segments qui sont en proportion dorée. Le segment le plus grand est égal au côté du pentagone (González, 2006, p. 16).
Cette division du segment en parties proportionnelles a été un sujet fascinant pour les pythagoriciens et il a donné lieu à d’importantes spéculations philosophiques, théologiques, naturelles et esthétiques. Cette relation a eut différentes dénominations : la Section Dorée, la Proportion Divine, la Section Divine, le nombre d’or. Euclide l'a définie dans Les Éléments de la manière suivante : "on dit qu'un segment est dit coupé en moyenne et extrême raison quand le grand segment obtenu est au tout ce que le petit est au grand" (González, 2006, p. 16).
AC = BC
BC    AB


Cette figure géométrique (la portée) et ses relations avec la diagonale simple du carré furent la base de la découverte scientifique la plus importante des pythagoriciens. Dans le même temps elle a été aussi la cause de la crise profonde qui emmena cette communauté à la ruine, dans des profondeurs incommensurables.
             Il est fort probable que le sujet pythagoricien le plus populaire, le plus reconnu et qui a eu beaucoup de succès soit le théorème du triangle rectangle.

Le Théorème de Pythagore

             Le triangle rectangle dont les côtés sont proportionnels aux nombres 3,4 et 5 étaient connus par les Egyptiens et les géomètres grecs comme : le triangle sacré égyptien ou triangle parfait mais aussi le triangle de Pythagore (Ghyka, 1953, p. 60). Certains aspects du triangle ont été utilisés aussi par les cultures Indiennes, Chinoises, Egyptiennes et dans la Mésopotamie, mais c’est Pythagore le premier qui a réussi à donner une démonstration logique du Théorème.
      
                                                                                   


                                                                                                  
                                                                                              Pythagore a démontré avec sa théorie
des proportions que le carré de la longueur de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des longueurs des deux autres côtés.


                                                                                              BA2 + AC2 = BC2



Ce Théorème est devenu un paradigme pour les mathématiques et pour son enseignement dans les écoles et universités du monde entier. Il établi le premier saut intellectuel entre la spéculation empirique et le domaine du raisonnement déductif (González, 2006, p. 16).

Les Grandeurs Incommensurables.


                 Le Théorème de Pythagore ainsi que le côté du pentagone avaient un grand inconvénient qui a conduit la communauté pythagoricienne à une crise profonde qui de plus agita fortement les bases de sa philosophie qui veut que : les nombres sont l'essence de l'univers. Après avoir établi la relation entre le nombre et sa représentation géométrique et avoir cru que les nombres pouvaient tout mesurer au travers de la géométrie, ils sont entrés en discordance, après avoir découvert que dans une figure aussi simple que le carré, la diagonale n'était pas commensurable avec le côté. Le même cas de figure est arrivé entre la diagonale du pentagone et son côté.
Lors de cette découverte, toutes les affirmations pythagoriciennes où l’on comparait les dimensions et les raisons des figures, demeuraient dorénavant incertaines. Elles devaient être reformulées et cela a donné lieu à certaines craintes quant à la découverte des nombres irrationnels. Ces nombres étaient au-delà de la représentation pythagoricienne et ils marquèrent une avance sans précédents dans l'histoire des mathématiques et de la géométrie. Ils n’étaient pas un produit de l'empirique mais de quelque chose purement théorique.

             Cette inquiétude est illustrée dans une légende pythagoricienne écrite par Euclide dans Les Éléments, au Xème livre :
On dit que les gens qui ont divulgué les nombres irrationnels ont péri dans un naufrage jusqu’au dernier, car l’inexprimable, l’informe, doit être absolument tenu secret ; ceux qui l’ont divulgué et ont touché à cette image de la vie ont instantanément péri et doivent rester éternellement ballottés par les vagues. (González, 2006, p. 17).


          Sa découverte est attribuée à Hippase de Métaponte vers 480 av. J.-C. après avoir essayé de retrouver à travers l’empirique une unité qui pouvait mesurer, d'une manière exacte, la diagonale et le carré, ou, la diagonale et le côté, du pentagone.
Les conséquences de cette première crise des mathématiques ont été presque immédiates. D’abords, l'emploi du langage mystique et mathématique, mélangé aux aphorismes religieux, a été changé par un autre, plus sévère précis et rigoureux, qu’Euclide décrit dans Les Éléments. Puis, plus tard, est apparu une crainte de l'idée de l'infini, dans les mathématiques grecques, après Pythagore (González, 2006, p. 16).               

L'influence de Pythagore

             Les apports de Pythagore à notre monde sont innombrables, et il est même considéré comme le père des mathématiques, de la musique, de l'esthétique et de l’acoustique. Toute son influence ne pourrait pas être abordée dans ce travail. Cependant, nous essaierons d'exposer brièvement les aspects les plus importants de son héritage tout au long de l'histoire occidental.
             La philosophie pythagoricienne a réussi à rattacher l'espace, le nombre et le son d’une manière harmonique, à travers la contemplation mystique et rationnelle du cosmos, établissant que "le nombre est l'essence de toutes les choses". Cela a conduit à rendre  accessible une première connaissance (empirique et rationnel) sur le fonctionnement de l'univers (du macrocosme et du microcosme) pour inspirer et pour établir chez l'homme une pensée scientifique pendant plus de 2500 ans.
            Beaucoup d'autres aspects de sa vie et de son œuvre ont été controversés pour être associé aux légendes, aux fictions et au mysticisme, et plusieurs fois exagérés. De l’authenticité de son existence aux aspects mystiques et secrets de sa doctrine (la doctrine de la réincarnation et de la transmigration de l'âme, l'arithmologie, le symbolisme des nombres, les acousma), il a été lié aux courants ésotériques de traditions occultes, symboliques et magiques en Europe.
            L'une des grandes influences des pythagoriciens sur la philosophie grecque est relatée dans l'œuvre de Platon. Le Timée, par exemple, parle en grande partie de l'enseignement de la cosmogonie pythagoricienne. Dans le Xème livre de la République il disserte sur l'Harmonie des Sphères, quelques-uns de ses personnages sont des pythagoriciens très doués en mathématiques (Locride, Lysis).  La Théorie des Idées et celle de la conception de l'âme ont aussi une influence pythagoricienne. Aristote dans la Métaphysique (Parra, 1966,  p. 87) mentionne les pythagoriciens en faisant référence au principe des contraires (Parra, 1966, p. 87). Il se pourrait qu’il leur ait dédié une œuvre qui plus tard a été perdue.  Aristote, d’ailleurs, fait référence à Platon : " Sa philosophie suit, dans la majorité des choses, celle des pythagoriciens "(González, 2006, p. 20).  Aristote et ses disciples en compagnie d’Aristoxène de Tarente, ont essayé de briser pour la première fois la tradition pythagoricienne, pour considérer l'harmonie comme une science autosuffisante, dépendant seulement de l'oreille et de la compréhension (Palacios, 2001, p.154)
Dans la Rome Impérial son influence a été reconnue dans l'œuvre de Cicéron, Sénèque et Moderato de Cadix mais aussi de Philolaos, qui répandu et systématisa la doctrine pythagoricienne ainsi que les pythagoriciens : Archytas de Tarente, Nicomaque de Gerase, et aussi les biographes pythagoriciens : Porphyre, Jamblique et Proclo. Vitruvio, auteur du premier livre sur l’architecture, mentionne l'importance de la Tretractys comme système de proportion et la musique comme une contribution à la conception et la construction d'œuvres architectoniques.[3]
Au Moyen Âge l'influence de Pythagore est reprise par Boèce qui projette la Musique Mondaine et inclut la notion de l'Harmonie des Sphères dans le curriculum d'études médiévales. Saint Agustín revit également la notion du nombre dans la philosophie médiévale. Le Quadrivium propose la musique comme une branche insolite des mathématiques en compagnie de l'astronomie, la géométrie et l'arithmétique. Un autre grand témoignage de cette influence pythagoricienne devient évident dans la conception et construction des grandes cathédrales gothiques ajustées aux proportions, arithmétiques et géométriques de l'harmonie musicale. Les constructeurs ont adopté et transmis à travers des confréries le rituel de la géométrie pythagoricienne qui deviendra évidente dans le graphisme symbolique des rosaces et vitraux gothiques (la portée mystique comme motif). Il serait également pertinent de s’interroger sur la transmission des connaissances pythagoriciennes à travers l'œuvre de Vitruve ou à travers les sciences occultes.
Dans la Renaissance on reprend la connaissance pythagoricienne d’une manière encore plus forte qui sera décisif pour la conception de la pensée moderne : le modèle héliocentrique et la philosophie du nombre. Ces deux doctrines seront reprises par les plus importants penseurs de cette période.
Nicolas Copernic dans son œuvre De Revolutionibus Orbium Caelestium (Parra, 1966, p. 114) place le soleil comme le centre de l'univers tandis que le mathématicien et  philosophe Nicolas de Cues traite de la conception moderne de l'espace. Cues en conclue que l'activité la plus authentique de l'esprit est la mesure, et qu’elle détermine la relativité du lieu et du mouvement contrairement à la position d'Aristote. Pour Cues la localisation est idéale et relative, et le mouvement est relatif et contraire à la nature de mobilté (Parra, 1966, p. 114). 
Johannes Kepler découvre les trois lois fondamentales sur lesquelles son fondées  le mouvement des planètes autour du soleil (Parra, 1966, p. 114). Il établit ses recherches sur l'Harmonie des Sphères et explique la théorie des intervalles musicaux à travers des orbites planétaires (Ghyka, 1953, p. 237). Galileo Galilei, qui a été promoteur de la méthode mathématique - expérimental, suit la doctrine pythagoricienne du nombre en affirmant que "toute la création est un livre écrit en langage mathématique" (Vallota, 1998, p. 142). Isaac Newton découvre et confirme la loi de la gravitation universelle, les lois de Kepler et réalise aussi d'autres découvertes importantes.
Dans le domaine de l’architecture, León Baptista Alberti et Andrea Palladio subissent l'influence pythagoricienne à travers Vitruve et la tradition pythagoricienne en Italie. Tous les deux répondent aux deux types de proportions exposées par Pythagore : les proportions musicales dans la grandeur commensurable et la proportion divine des mesures incommensurables. À ce sujet Alberti écrit dans De re Aedeficatoria:
Je dois soutenir d'une bonne fois l'opinion de Pythagore dont la juste nature est en tout (…) et que les nombres déterminants de la concordance des voix soient agréable aux oreilles, ils sont exactement les mêmes qui enchantent notre regard et notre esprit. (González, 2006, p. 21). 

Le Corbusier reprendra ces théories au XXe siècle et développera un système de proportions harmoniques basé sur l'échelle humaine qui sera mis en place dans la conception de ses constructions. Albert Einstein décrivait ce système par l’affirmation suivante : "C’est une gamme de dimensions qui facilite ce qui est bien et complique ce qui est mal" (Boesiger, 1982, p. 88).
L'influence de Pythagore est irréfutable sur la culture occidentale. Il n'est pas possible de concevoir le XXème siècle sans les contributions des mathématiques. Pedro González dans son article Biographie de Mathématiciens : Pythagore cite les grands philosophes du XXème siècle : Whitehead et B. Russell placent à Pythagore comme l'initiateur du Miracle grec. À ce sujet Russell affirme : "Les mathématiques comme un argument déductif démonstratif commencent avec Pythagore, en étant unies à une forme particulière de mysticisme. L'influence des mathématiques sur la philosophie due à Pythagore, a été depuis, très profonde" (González, 2006, p. 21).
21).    
Cependant, cette influence a été accentué dans la modernité grâce à l'ensemble d'événements parvenus vers les années 1600 dont la caractéristique principale était l'application des mathématiques dans les instruments et dans le calcul des grands voyages, la notion de la représentation du nombre et une nouvelle manière d'interpréter la connaissance contraire à la notion traditionnelle (Vallota, 1998, p. 142). 
Actuellement la pensée Pythagoricienne est une réalité et est totalement en vigueur dans la science des disciplines sociales. L'homme par exemple, dépend de l'informatique dont la base est le nombre et les processus mathématiques. La théorie des cordes ou théorie unifiée, essaie de décrire tous les phénomènes arrivés dans la nature grâce aux quatre forces fondamentales : la force gravitaire (quantique), la force électromagnétique, la force d'interaction forte et faible. Tout cela a ouvert des nouvelles recherches sur les champs de la physique et des mathématiques. N'est-il pas question d'un élargissement de l'explication pythagoricienne de la loi sur l'harmonie ? Du fonctionnement de l'univers en tant que macrocosme et microcosme ? Dans des ecrits B.Russell dit d’ailleurs: "Peut-être que le plus bizarre de la science moderne est son retour au pythagorisme" (González, 2006, p. 21).   
Pour conclure nous mentionnerons très brièvement les apports de Pythagore développés dans ce travail: La conception des mathématiques comme une science déductive, initiateur de la méthode scientifique de recherche, la découverte des nombres irrationnels à travers la grandeur incommensurable, le premier système héliocentrique, la découverte des principes de l'acoustique et de l'harmonie en occident, une base pour le système d'enseignement médiéval (Quadrivium), et le premier établissement théorique sur un système de proportions.

Perspectives de réflexion.
 À partir des années 1700 une position rationaliste a produit un effondrement inévitable du mythe, de même, la musique a cessé d'être un outil "spéculatif" pour réaffirmer une tradition de la musique "pratique", plus rattachée à l'art et à son propre discours. La pensée rationaliste a utilisé les mathématiques comme un outil indispensable pour ses démonstrations et spéculations sans nécessité une autre discipline plus relative au mysticisme. La pensée scientifique, mystique et religieuse de Pythagore était inconcevable face à cette nouvelle attitude.
L'homme moderne a réussi à séparer ces domaines, dans une recherche du savoir et du contrôle de la nature. Paradoxalement il a réussi à dominer la nature en l'interrogeant et en obtenant d'elle ce dont il avait besoin, mais cependant, il se retrouve face à une crise profonde. Il a trouvé également une énorme difficulté à rassembler ses croyances et sa raison. Avec sa rationalité il se trouve seul, seul dans l'univers, seul avec sa raison.
 L'homme pourra-t-il réconcilier ces domaines comme le pythagorisme l'a proposé une fois ? Ce fut la raison qui causa la décadence du modèle pythagoricien est qui déclencha "l’horreur de l'infini". Au fur et à mesure que la science avance et que l'homme domine de plus en plus la nature, celui-ci s'éloigne d'elle en augmentant la solitude de l'homme aux niveaux écrasants.
Le pythagorisme a projeté la science comme une manière de réflexion et de rapprochement avec Dieu et la nature. A mesure qu’il découvrait les lois qui la contrôlaient celui-ci s’intégrait à elle, ou du moins, c’est ce qu’il prétendait. Face à cette réalité la question se pose : l'homme pourra-t-il ne faire qu'un avec l'univers ?

 

Bibliographie


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[1] Orphisme: Doctrine propagée par les adeptes des mystères orphiques et les rites provenant de cette théologie.
[2] Selon  Archytas de Tarente: « En musique il y a trois mesures: la mesure arithmétique, la mesure géométrique et la subcontraire, appelé aussi harmonique » (González, 2006, p. 10).
[3] Marcus Vitruvius  dans son ouvrage Dix livres d’Architecture traite du sujet de la théorie musicale et son application dans l’architecture (Livres III et V).

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